« TEMPS DE PAUSE »

Prendre le temps de regarder, d’entrer dans ce langage des yeux que sont les photographies, telle est l’invitation de cette part exposée de l’œuvre de Patrick Searle intitulée avec justesse « Temps de Pause ». Mais c’est bien la considération de la trace du temps dans la nature, l’architecture et la mémoire qui constitue le fil rouge de cet ensemble de photographies et de livres-ouvrages.

Toutes nos vies, nos histoires, l’histoire même du monde racontent cette tension constante entre être et devenir. Aucune chose ne pourrait être ce qu’elle est aujourd’hui si elle n’avait pas déjà été hier d’une autre façon. A partir du temps et de sa succession, cet ensemble de photos et de livres donne à contempler avec étonnement ce qui demeure et se transmet au milieu de ce qui ne cesse de changer.

Chaque titre proposé est révélateur de sa démarche. « Des Siècles sous nos Pas » nous transportent par l’architecture dans cette visibilité de l’héritage des siècles. Nous ne venons pas de nulle part. Dans « le Cercle de la Vie », il nous montre cette incessante renaissance de la nature manifestant cette quête de permanence et de nouveauté créatrice dans ce mouvement perpétuel. Il souligne ainsi l’étonnante harmonie du monde et de sa beauté. Les « Visions Éphémères » disent à quel point le regard a vocation de nous faire traverser les frontières souvent si factices que nous posons sur le réel lorsque nous sommes tentés d’enfermer et de réduire les choses à l’apparence de leur surface. La perle est dans son livre-ouvrage « Temps de Pause » qui nous ramène charnellement à cette empreinte du temps dans nos vies lorsque celui-ci traverse l’Histoire et notre propre histoire. Ce livre témoignage où se côtoient la grande guerre et la vie de sa famille nous redit l’importance de la transmission. Nous sommes des héritiers. Il nous redit aussi combien il est important de savoir situer une trajectoire de vie dans ce parcours personnel d’existence qui nous est commun.

L’œuvre de Patrick Searle n’est pas un hymne à la superficialité, mais une invitation pressante à l’exploration des profondeurs, une plongée dans l’aventure de la vie.

Pierre Durrande, philosophe et critique d’Art